MÉCHANTE LIMONADE

« Maishanta limonada »

en langue d’oc ça veut dire « ça va mal tourner – mauvaise passe ».

Ai pensé que cette expression entendue récemment à Toulouse ne pouvait pas mieux radiographier (tout en restant polie) l’état du monde et de la société tel qu’il se dresse ici maintenant sous nos yeux hagards.

Ai continué à penser, pour ne pas rester hagards : nécessité absolue de continuer ici au Théâtre de l’Aquarium de toutes nos forces vives à inventer et protéger les espaces de création – à fabriquer des formes singulières – à affirmer l’endroit de la complexité humaine, du paradoxe, du poème concret et du risque.

Plus tard ai pensé ce n’est pas parce qu’on naît qu’on est vivant mais cela n’a pas grand-chose à voir avec la limonade.

Ça va être l’été : on ouvre le toit (façon de parler…). C’est BRUIT, notre festival de théâtre et de musique. Où l’on plongera dans Carmen opéra-paysage itinérant de Jeanne Desoubeaux, les sons sauvages de Clémence Jeanguillaume cachée dans Katchakine, le drame métaphysique des Guêpes de Viripaev (m. en sc. Yordan Goldwaser), le temps évaporé de Violet de Tom Coult et Alice Birch (m. en sc. Jacques Osinski), le Fourbi du Umlaut
Big Band mené par Pierre-Antoine Badaroux, les monstres roublards de Mojurzikong imaginés par Émeric Guémas et Jérôme Lorichon (les enfants ! venez ! c’est pour vous !), les sonates avant-gardistes de Beethoven pour Le Camion de l'Archiduc de Myrtille Hetzel et Guilhem Fabre, la splendeur des « symphony anthems » de Cooke, Blow et Humphrey donnés par Sébastien Daucé et l’Ensemble Correspondances.

Jeanne Candel co-directrice avec Marion Bois et Élaine Méric
de la vie brève au Théâtre de l’Aquarium