DAVID ET JONATHAS, Ensemble Correspondances

Opéra en cinq actes de Marc-Antoine Charpentier

L'Ensemble Correspondances, dirigé par Sébastien Daucé, se réunit pour une répétition de la tragédie biblique en cinq actes de Marc-Antoine Charpentier, David et Jonathas, présentée au Teatru Real à Madrid, vendredi 27 septembre.

Œuvre atypique, David et Jonathas l’est assurément. Créé en 1688, l’opéra de Charpentier marque tout d’abord un tournant dans l’histoire du genre. Lully est mort depuis quelques mois. À la cour, l’homme, créateur de l’opéra français avec Cadmus et Hermione en 1673, règne sur le genre dont il a posé et imposé toutes les caractéristiques. Difficile pour les autres compositeurs de trouver une place et de briller à la Cour. Avec David et Jonathas, Marc-Antoine Charpentier propose une autre approche, un autre style, privilégiant une musique expressive pour mieux traduire l’intériorité, la psychologie des personnages et renonçant aux grands effets de machines.

Lors de sa création, l’opéra a été joué en même temps qu’une tragédie écrite en latin par le Père Chamillard, Saül. Le livret de l’opéra David et Jonathas, lui, est signé par le Père François de Paule Bretonneau. Librettiste et dramaturge, l’homme est aussi prédicateur et rédigera plusieurs sermons par la suite. Il retrouve là Charpentier pour qui il avait déjà écrit en 1687 le livret de Celse Martyr dont la partition a depuis disparu. Les actes de l’opéra David et Jonathas et de la tragédie Saül sont donc joués en alternance et complémentaires. La représentation tenait à l’époque en onze actes dont le prologue !

La narration et l’action relèvent de la pièce latine Saül, tandis que la musique et le chant en langue française de la partie lyrique insistent sur la psychologie des personnages. David et Jonathas est bel et bien, à sa création, une forme hybride. Cette œuvre a aussi cela d’exceptionnel qu’elle n’est pas une commande de la Cour mais d’un établissement scolaire, le Collège Louis-Le-Grand, alors dirigé par les Jésuites. L’opéra est ici perçu comme un véritable outil de pédagogie. Inspirée d’un sujet biblique, l’œuvre doit contribuer à l’éducation littéraire, morale, religieuse et artistique des jeunes aristocrates français scolarisés dans l’établissement. Ces représentations données par les élèves font partie intégrante de leur formation : apprentissage du latin, de la morale religieuse, de la langue latine, de la déclamation, de la musique et du mouvement. L’œuvre de Charpentier telle qu’elle a été imaginée initialement répondait parfaitement à toutes ces exigences. Aujourd’hui la tragédie Saül a disparu. Mais la partition et le livret de David et Jonathas ont traversé les siècles grâce au travail de copiste de Philidor dit l’Aîné, bibliothécaire à la Cour de Versailles. Avec Médée, David et Jonathas reste l’une des œuvres majeures de Marc- Antoine Charpentier et l’un des rares témoignages artistiques jésuites.

David et Jonathas
Tragédie biblique en cinq actes avec prologue de Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
Livret du père François de Paule Bretonneau (1660-1741)
Créé le 28 février 1688 au collège Louis-le-Grand

Avec
Petr Nekoranec : David
Gwendoline Blondeel : Jonathas
Jean-Christophe Lanièce : Saül
Lucile Richardot : la Pythonisse
Étienne Bazola : Joabel
Lysandre Châlon : Achis, l’ombre de Samuel, un guerrier
Hélène Patarot : la Reine des oubliés

Production : Ensemble Correspondances, orchestre et chœur

Avec le soutien en résidence de création de la vie brève – Théâtre de l’Aquarium

Ensemble Correspondances @ Victoire Andrieux
@ Victoire Andrieux