LES SENTINELLES, Bénédicte Cerutti

Au loin une île. Des étrangers. La mer. Jacques Brel et ma mère. Dedans, la télé. Tout autour la fin du monde. Des militaires. L’exil. Et puis un bon Bourgogne parce qu’on va tous mourir.

Mon point de départ a été l’île de North Sentinel, confetti dans l’océan Indien, dont la population fait partie des derniers peuples non-contactés.
Leur nombre est estimé à cinquante ou cent cinquantes personnes. Ils vivent nus. On présume qu’ils n’utilisent pas l’écriture et qu’ils ne maîtrisent pas le feu, qu’ils ne savent pas le produire. Ils vivent en autarcie depuis des milliers d’années et refusent obstinément tout contact avec l’extérieur. Ils jettent leurs flèches sur ceux qui tentent de s’approcher et tuent ceux qui s’approchent.

À partir de ce territoire retranché, hostile, à partir de cet isolement acharné, j’ai écrit une dérivation autour de mes souvenirs personnels et de mes obsessions. Une parole faite de réminiscences, de mes tentatives d’apprendre quelque chose de notre société et d’actualités hallucinées.
Je voulais écrire pour saisir comment le bruit du monde agit sur nous, nous agit, comment il nous fait rêver, délirer et nous construit. Comment le monde nous laisse médusés et intranquilles.

« Le temps ne serait-il pas venu que chacun retourne à sa nuit avant de songer à changer le jour ? » Annie Lebrun.
Bénédicte Cerutti

De et avec : Bénédicte Cerutti
Création Lumière : Kelig Le Bars
Création sonore : Sylvain Jacques
Scénographe plasticienne : Marine Dillard
Collaboration artistique : Laurence Cordier, Emmanuelle Destremau et Aurélien Patouillard

Production 2020 : Comédie, Centre Dramatique National de Reims
Production de création : Centre Dramatique National Orléans / Centre-Val de Loire dans le cadre des Soli
Coréalisation : la vie brève - Théâtre de l'Aquarium

Création le 31 janvier 2020 au CDN Orléans